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Chapitre 4 : les associations végétariennes et végétaliennes (France et Royaume-Uni)
LES CAHIERS ANTISPECISTES 20 rue d'Aguesseau, 69007 Lyon, France. Internet : http://www.multimania.com/antispe Ils ont débuté leur action en 1988. A cette époque, ils étaient cinq, tous proches des milieux libertaires, qui ont commencé à comprendre l'absurdité de l'attitude habituelle des humains envers les autres animaux. Il en est sorti une brochure, " Nous ne mangeons pas de viande pour ne pas tuer d'animaux ". La position défendue était alors simplement celle d'un végétarisme radical ; puisque les animaux veulent vivre, et qu'il n'est pas nécessaire pour nous de les tuer pour manger, nous ne devons pas les tuer. La brochure s'est bien diffusée dans les circuits anarchistes-alternatifs ; d'un autre côté, ils ont cherché à avoir des contacts avec les organisations existantes de " défense animale ", croyant naïvement qu'ils y trouveraient un appui. Ils ont constaté le contraire que premièrement ces organisations étaient très peu intéressées par le végétarisme, voire y étaient hostiles ; deuxièmement qu'elles étaient souvent de droite, voire d'extrême droite, et par ailleurs structurées par une pensée mystique, anti-scientifique, religieuse, écologiste, naturaliste. Ils ne savaient à cette époque que très peu de choses du mouvement de libération animale hors de France, et encore moins de ses bases théoriques. Ils ont cependant fini par tomber sur le livre de Peter Singer, " la libération animale ", publié en anglais en 1975 et qui n'existait pas encore en français. Le premier chapitre de ce livre, " tous les animaux sont égaux ", clarifiait et radicalisait, par un raisonnement philosophique simple et difficilement contestable, les idées qu'ils avaient déjà. Ils ont commencé à parler et à penser en termes d'égalité animale, d'antispécisme, et à oser énoncer et défendre l'idée que la discrimination contre les non-humains procède de la même structure d'oppression que les discriminations arbitraires faites au sein de l'espèce humaine. Par Singer, ils ont eu le contact de Paola Cavalieri, militante italienne. Le rapport avec Paola et son groupe milanais a amplifié chez eux la conscience du caractère politique de la lutte antispéciste. Trois d'entre eux se sont lancés, en 1991, dans la publication d'une revue sur ce thème, " Les cahiers antispécistes ". Au fil de la publication de 1991 à 1999, de dix-sept numéros, ils ont progressivement compris de façon de plus en plus nette des éléments suivants : - loin de constituer un " sous-problème ", la question animale représente, outre celle du sort d'un nombre d'individus bien supérieur à la population humaine, un point structurant central de tous les discours de domination : malgré les pétitions de principe, un groupe dominant se ressent toujours, et s'arrange toujours pour paraître, " plus humain " que les groupes opprimés. Les Cahiers, par exemple, ont en particulier commencé à creuser la parenté entre les schémas spécistes et sexistes. - un élément clé de l'oppression animale est le fait que tous les non-humains sont classés, dans l'idéologie dominante, sous la rubrique " nature ", opposée à la catégorie " humanité " ; cette structuration nature / culture se retrouve à la racine de nombreuses oppressions humaines, à commencer par le racisme et le sexisme. Une des tâches centrales de l'antispécisme est de refuser que la question animale soit confondue, de quelque manière que ce soit, avec l'écologie. - la vision du monde sur lequel se bâtit le spécisme est essentiellement religieuse ; une authentique pensée laïque reste à construire, et ne pourra qu'être opposée à toutes les discriminations arbitraires, dont le spécisme. Il est nécessaire en particulier de construire et d'affirmer une éthique laïque. Ces développements, qui commencent à être connu en France au moins au sein de la gauche radicale, pourront représenter, à leur avis, un apport original et fertile d'un coté pour le mouvement de libération animal, et de l'autre pour les mouvements progressistes en général. Il faut, cependant, noter que ce qui a freiné la progression des idées antispécistes au sein de la gauche est bien moins l'existence d'opposition structurée que le refus systématique du débat de la part des personnes que ces idées dérangent. Il était noté dans leur n°17, qu'ils essaieraient dans le futur de ne pas s'en tenir à une stricte orthodoxie antispéciste dans leur approche, même s'ils pensent utile qu'au moins une brochure théorique existe en France sur ce sujet-là. Quand on a conscience de la complexité des situations de ce monde, cette évolution vers moins de théorisation doctrinaire semble plus adaptée à un développement moins totalitaire de ces idées. La théorie est toujours belle, reste à voir ce qu'on en fait, à quelle concrétisation elle aboutit. Les exemples de grandes théories qui voulaient tout révolutionner et qui ont mené à des systèmes pas forcément meilleurs que ceux qu'ils prétendaient dépasser, sont légions dans l'histoire humaine. Il est aussi bon de voir si ceux qui se font l'écho de théories arrivent à les appliquer à eux-mêmes ou non, car énoncer des idées est toujours très facile. De plus, les notions de souffrance et de libre arbitre ne sont pas aussi évidentes qu'ils semblent le présenter : la souffrance est une sensation subjective, on ne peut se fier qu'à ce que dit celui qui la ressent (les recherches scientifiques sur la souffrance en sont seulement au tout début) ; et le " libre arbitre " est très influencé par l'histoire et le milieu de chacun. On peut objecter que n'appuyer son raisonnement que sur une notion de souffrance / plaisir est assez dangereux vu la difficulté à déterminer clairement ce qui peut provoquer ces sensations et à les mesurer scientifiquement (il n'est pas question ici de la tuerie des animaux où la souffrance est évidente, mais d'autres problèmes que certains antispécistes essaient de lier à la boucherie des animaux, comme l'euthanasie). Vouloir tout révolutionner, faire " table rase du passé " n'est pas une approche très scientifique non plus. Il n'en reste pas moins que l'attitude des humains face aux animaux est clairement oppressive et que les animaux éprouvent, de la même façon que les humains, de la souffrance. Ceci est prouvé scientifiquement. Ci-dessous un article écrit par Yves Bonnardel, un des créateurs des Cahiers Antispécistes. Un mouvement politique d'un genre nouveau : l'égalité animale L'antispécisme est la lutte contre la discrimination qui est effectuée à l'encontre des intérêts des individus lorsqu'ils ne font pas partie de l'espèce dominante (la nôtre) : c'est donc une lutte pour que leurs intérêts soient pris en compte de façon équivalente aux nôtres. C'est une lutte politique : - Parce que son but est politique : transformer la société, changer le monde. Il s'agit de changer radicalement les rapports sociaux (car les rapports des humains aux animaux sont bel et bien sociaux, et non " naturels "). Et même si cette lutte devait et pouvait se développer de façon isolée, son succès auprès de la population aurait des répercussions sur la vie sociale (idéologique, politique, culturelle, matérielle ) dans son ensemble. - Parce que ses moyens sont politiques : la libération animale ne prône pas la " miséricorde et la pitié " pour les animaux, mais la justice et l'égalité, et elle analyse donc les relations entre les humains et les autres animaux en termes de rapports sociaux, et tout particulièrement en termes politiques de domination, d'exploitation et d'oppression. De plus, elle ne sépare pas entre " le problème animal " et " les problèmes humains ", ni à un niveau éthique (une même éthique pour tous), ni politique (les analyses des processus de domination, par exemple, ont de nombreux points communs). C'est une lutte qui s'inspire jusque dans son nom (libération animale) des luttes anti-esclavagistes du siècle dernier, des luttes des Noirs américains contre les discriminations racistes, et des luttes féministes, et qui se considère comme étant le développement au-delà de notre espèce d'un lent processus historique qui a vu des catégories de plus en plus étendues accéder, au moins formellement, à la sphère de l'égalité. Dans ce sens, la libération animale se trouve bien dans la continuité historique de ces autres luttes, qui toutes ont eu également à secouer des préjugés séculaires et à lutter contre des " évidences " bien installées. Une grosse différence semble pourtant bien être que la libération animale ne peut dès le départ qu'être un mouvement des dominants eux-mêmes contre la domination, alors que la plupart des mouvements dont j'ai parlé ont été et restent des mouvements de dominés Cela n'en fait pas pour autant un cas unique : notamment, la lutte anti-esclavagiste aux USA, qui a joué un grand rôle dans le déclenchement de la guerre de Sécession, a plus été le fait des anti-esclavagistes blancs du Nord que des esclaves du Sud eux-mêmes. Le fait que ce sont les dominants eux-mêmes qui dans ce cas remettent en cause la domination pose divers problèmes pratiques : pour remettre en cause les évidences liées à la domination (l'idéologie, notamment ), les dominés ont dû mobiliser toutes leurs ressources intellectuelles, mettre en commun leurs expériences, etc., pour en tirer un angle d'attaque particulier, et ont dû mobiliser toute leur énergie dans la lutte ; il n'est pas évident que les humains qui, spécistes ou non, bénéficient d'une position de dominants, arrivent à investir suffisamment d'énergie et de remise en cause dans une lutte qui ne leur est pas vitale comme elle l'est aux animaux non-humains. De plus, il leur faut ainsi parler, ressentir et communiquer pour les autres (pour les animaux dominés), et il y a toujours le risque de mêler ses propres intérêts, qui peuvent être divergents, dans un discours qui se fait en leur nom. Ce sont là des problèmes qui sont importants, qu'il faut garder à l'esprit, mais qui, plutôt que faire renoncer, doivent amener à un surcroît d'attention et d'esprit critique. Je disais que la libération animale se situe dans la continuité des autres luttes de libération ; mais ces autres luttes jusqu'à présent se sont effectuées au sein de l'espèce humaine et en son nom, au nom de l'humanisme, au nom de l'égalité humaine ou d'une dignité humaine exclusive, alors que la spécificité de la libération animale est juste de faire voler ce cadre en éclat. Les bases restent les mêmes (à savoir, revendication d'une égalité de considération), mais leur cadre symbolique change de façon révolutionnaire : les autres luttes n'ont fait finalement que conforter l'humanisme, puisqu'elles trouvaient en lui un appui théorique immédiatement utilisable et qu'elles n'avaient qu'à en profiter tel quel, sans le critiquer. L'argumentation des Noirs ou des femmes pouvait se contenter d'être : " nous aussi sommes humains, et devons dès lors êtres traités en tant que tels, avec les égards qui sont dus aux humains, et non comme des bêtes ". Nous, nous disons : " si nous voulons rester cohérents et justes, et si nous voulons uvrer pour un monde meilleur, nous devons traiter avec les mêmes égards tous ceux qui ont intérêt à être traités avec les mêmes égards, sans souci des catégories dans lesquelles nous les rangeons, comme la race, l'âge, le sexe, et l'espèce (etc. bien sûr) ". Mais le fait que les luttes anti-racistes ou anti-sexistes se soient faites jusqu'à présent au nom de l'humanisme a amené beaucoup de progressistes à identifier humanisme et progrès moral ou social, et à voir dans notre remise en cause de l'humanisme (en tant que doctrine, idée et sentiment de l'égalité des seuls humains) un danger de retour en arrière, d'abandon des valeurs d'égalité et de retour à une éventuelle barbarie (comme si d'ailleurs l'humanisme excluait la barbarie ). Ce qui fait que si certains comprennent bien que nous voulions dépasser l'humanisme dans ce qu'il a d'exclusif, et en ce qu'il est lui-même le fondement idéologique de la domination sur les autres animaux, d'autres identifient sa remise en cause avec des valeurs réactionnaires, et nous traitent dès lors (et en général sans chercher à comprendre ni même à connaître les idées que nous propageons) comme des crypto-fascistes, racistes ou sexistes en puissance Il faut pourtant remettre les choses à leur place : les forces réactionnaires cherchent à restreindre la notion d'égalité à un nombre moindre de catégories, alors que nous cherchons à l'étendre à un plus grand nombre d'individus. Notre lutte, loin de l'amoindrir, devrait permettre de renforcer la notion d'égalité, y compris concernant les humains, en lui donnant des assises plus solides et plus radicales que celles que lui donne l'humanisme. Une caractéristique de la libération animale qui nous semble très importante, c'est qu'elle met l'accent sur les individus, indépendamment des catégories auxquelles nous les rattachons ; dans l'humanisme, les individus humains doivent être bien traités en tant qu'humains, et les autres n'ont pas beaucoup d'importance. L'antispécisme recentre l'attention sur ce qui importe véritablement en chaque individu, et qui est, non pas son sexe, son âge, son humanité, etc., mais ce qu'il ressent, ce qu'il veut, ce qu'il refuse, ce qui lui importe. C'est-à-dire que nous mettons l'accent, non pas sur les statuts qui sont octroyés socialement à chacun d'entre nous au " hasard " du rôle social qu'on veut nous faire jouer, mais sur la réalité de chacun de nous, sur ses intérêts réels et concrets (et non pas abstraits, comme dans l'humanisme). L'humanisme dit que tous les humains doivent être traités de façon égale, mais il le dit de façon abstraite, à travers des notions de droits et de devoirs qui font qu'il y a des choses qu'on a le droit de faire et d'autres pas, finalement sans souci des intérêts qu'on risque de léser (ainsi le droit de salarier quelqu'un permet de le déposséder de sa vie, celui de rechercher le profit sur une grande échelle permet de condamner d'innombrables humains du Tiers-Monde à une vie de misère, etc. ). Et même en faisant abstraction de cela, il n'est pas inutile de se rappeler que lorsque le fait d'être traité avec quelques égards est mis en correspondance avec un statut social comme l'est au bout du compte notre appartenance à l'humanité, il suffit à un pouvoir quelconque de déplacer le domaine d'application de ce statut pour pouvoir se permettre de traiter des individus explicitement comme de la merde (comme des animaux) : c'est ce qu'on fait les pouvoirs nazis, esclavagistes, colonialistes ou patriarcaux ( ), qui n'ont fait qu'éliminer certaines catégories d'humains de la sphère de l'humanité, en leur retirant le statut d'humain, ce qui leur a permis moralement de les traiter " comme du bétail ". Pour l'humanisme, l'humain est l' " être ", et les non-humains sont des " sous-êtres ". Pour l'humanisme, l'humain est liberté, et le non-humain est nature : l'histoire montre qu'on passe aisément de l'un à l'autre. Les hiérarchies concrètes qui sont faites à l'intérieur de l'espèce humaine homme / femme, noir / blanc, adulte / enfant, intelligent / bête ( !), civilisé / sauvage, etc. sont massivement peut-être même entièrement structurées selon la plus ou moins grande " humanité " des catégories en question. Malgré la pétition de principe acceptée verbalement par presque tous " tous les humains sont égaux, parce qu'humains " - tous ressentent la " reconnaissance " de leur humanité comme instable, comme non donnée, comme à démontrer. C'est qu'au fond de nous-mêmes, nous le savons bien : notre " humanité " ne s'appuie sur aucun caractère réel. Malgré la " naturalité " qu'on lui attribue, elle représente en fait une " essence " ficelée par la religion et la philosophie. C'est ainsi que l'humanité, parce que conçue comme une valeur, devient un " droit-être ". L'essentialisme et le naturalisme sont les fléaux de nos civilisations, des visions du monde profondément mystique et réactionnaire, supports de toutes les barbaries. Une morale (une façon de voir, si on préfère) qui voit dans un individu ce qui lui importe de façon toute concrète, et qui accorde de la valeur à cela et à rien d'autre, rend impossible de tels changements de perspective (comme cette transmutation à peu de frais de l'humanisme en nazisme qu'ont opéré les hitlériens). Mais les démocraties libérales, et la gauche en général, ont si bien identifié l'humanisme comme la seule et ultime défense contre les totalitarismes et le nazisme, la barbarie, etc. que même les militants antifascistes qui se disent critiques de l'humanisme, craignent de notre part des dérives fascisantes. Pourtant nous pensons que ces dérives sont plus faciles avec une morale du statut comme l'est l'humanisme. La libération animale regroupe diverses théories éthiques, qui vont de l'utilitarisme à la théorie des droits ; il me semble que la théorie des droits présente un problème de taille : comme on le voit à propos des humains, qui sont " sujets de droit ", ce sont très vite les droits qui sont pris en compte, et non plus les individus (cela rejoint ce que j'ai expliqué plus haut à propos de l'humanisme). Certains droits vont être respectés, comme on respecte une loi ou un supérieur hiérarchique, et les intérêts réels, concrets, des individus réels et concrets, risquent fort de passer à l'as Ainsi, je l'ai déjà dit, l'intérêt de chaque humain à ne pas prostituer sa vie passe-t-il à la poubelle devant le droit de propriété et celui de salarier son voisin, etc. Et l'on voit des militants de la défense animale proposer le droit des animaux à être abattus humainement (sic !), ce qui en dit long sur la mesure dans laquelle des droits peuvent s'opposer aux intérêts réels des individus qui en sont l'objet (pardon, le sujet !). Lorsque l'antispécisme met en avant l'idée d'égalité, il ne parle pas forcément d'égalité des droits (bien que ce puisse être le cas) : il peut s'agir aussi tout simplement de l'égalité de considération des êtres, ou, ce qui me semble être une meilleure formulation, de l'égalité de considération des intérêts des êtres qui ont des intérêts. C'est-à-dire, des individus susceptibles de souffrir ou d'éprouver du plaisir, donc d'appréhender positivement ou négativement les événements qui affectent leur vie : les individus dont on peut dire que leur vie leur importe, qu'elle peut se passer bien ou mal. La libération animale, je l'ai déjà dit, a pour but un changement politique, qui est un changement de nos rapports aux autres animaux, et la reconnaissance que leurs intérêts à ne pas souffrir et à vivre bien (à réaliser ce qui leur importe) sont aussi importants que nos intérêts similaires. Un tel changement peut bien s'ancrer dans le domaine juridique, ce n'est en tout cas qu'un moyen et certainement pas un but : l'antispécisme a une révolution à accomplir, et c'est d'une révolution des consciences qu'il s'agit, d'une révolution idéologique et pratique, d'une révolution culturelle, d'une révolution des sensibilités aussi. L'idée la plus intéressante qu'il propage et réactualise, à mon sens (je sais bien que je me répète un peu !), c'est que ce sont les individus et ce qui leur importe qui importent. Cette idée concerne au premier chef, dans la situation actuelle de violences massives qui leur est faite, les animaux non-humains ; mais elle concerne aussi directement tous les humains, pas seulement en tant que dominants, pas seulement en tant que dominés, mais aussi dans tous ces rapports quotidiens, perçus comme égalitaires, et qui voient pourtant chacun d'entre nous léser avec légèreté les intérêts des autres parce que ça se fait, parce qu'on réagit à des normes sociales de comportement bien plus qu'en fonction des désirs réels de chacun. |
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